L’acidification des océans est la prochaine limite planétaire qui va bientôt être franchie…
The Nature Letter on Sunday #011 + une introduction sur les limites planétaires
La Climate week à New York a occulté cette semaine une nouvelle importante qui mérite pourtant notre attention.
Une étude intitulée le « Planetary Health Check » vient d’être publiée par le Potsdam Institué for climate research (PIK). Cette recherche fait le point sur l’état de la planète et fait état du dépassement imminent d’un seuil environnemental important.
Rappelons ce que sont les limites planétaires :
Ces limites ont été développées par une équipe de spécialistes des sciences environnementales à l’université de Stockholm menée par Johan Rockström.
Le concept des limites planétaires définit un espace de développement durable et sécurisé pour l’humanité à travers un seuil critique sur chacune de ces limites.
Ces limites reposent sur 9 processus biophysiques qui sont l’objet de mesures régulières :
Le changement climatique avec deux sous-mesures :
Le taux de CO2 atmosphérique.
Le « radiative forcing » qui mesure la balance d’énergie entrante et sortante de l’atmosphère.
L’érosion de la biodiversité avec deux sous-mesures :
L’érosion fonctionnelle qui correspond à la mesure de l’abondance des espèces dans un écosystème par rapport à leur abondance lors de l’ère préindustrielle.
L’érosion génétique qui correspond à la mesure du taux d’extinction des espèces.
La perturbation des cycles bio-géochimiques de l’azote et du phosphore.
Les changements d’utilisation des sols.
L’acidification des océans.
L’utilisation mondiale de l’eau avec deux sous-mesures :
L’eau douce («Green»)
L’eau de mer («Blue»)
L’appauvrissement de l’ozone stratosphérique.
L’augmentation des aérosols dans l’atmosphère.
L’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère (notamment les produits chimiques, les pesticides, les déchets nucléaires, les plastiques ou les médicaments).
Ces phénomènes impactent l’équilibre terrestre. Les limites planétaires sont franchies lorsque certains seuils sont dépassés. L’environnement pourrait alors selon cette théorie basculer de façon drastique et irréversible.
Ou en étions nous avant cette dernière étude ?
Six limites avaient déjà été franchies largement dans les dernières mesures faites en 2023 :
Le changement climatique.
La déforestation et la dégradation des sols.
La perte de biodiversité.
La quantité de produits chimiques synthétiques.
La raréfaction de l’eau douce.
L’équilibre du cycle de l’Azote.
Deux autres limites étaient alors déjà proches d’être franchies :
L’acidification des océans.
La concentration des particules fines polluantes dans l’atmosphère.
Seule l’état de la couche d’ozone était une des neufs limites qui se situait nettement en dessous de son seuil d’alerte et qui s’améliorait même régulièrement suite au traité d’interdiction des substances nocives en 1987.
Une nouvelle limite va être donc bientôt franchie :
La dernière étude vient de diagnostiquer que l’acidification des océans continue d’augmenter et qu’elle approche un seuil critique. Le dépassement de cette septième limite est inexorable à court terme.
L’acidification est un phénomène directement conséquent au réchauffement climatique. Il est en effet lié à l’absorption de plus de CO2 par les océans entraînant une baisse du ph de l’eau :
L’eau devient progressivement nocive pour de nombreux organismes comme par exemple les récifs coralliens, les mollusques et les crustacés avec la détérioration des coquilles. Petit à petit, l’ensemble de la chaîne alimentaire marine peut être donc touchée.
L’eau plus acide perd son efficacité dans son rôle de capture de CO2 et donc de ce fait réduit sa capacité à compenser le réchauffement climatique.
Ce franchissement de seuil sur l’acidification des océans n’est pas vraiment une surprise. J’avais en effet évoqué ce risque dans un article faisant le point sur les initiatives de capture du CO2 océanique.
Cette situation doit simplement renforcer notre determination sur deux grands objectifs que nous avons déjà établis comme priorités absolues :
Accélérer les efforts de maîtrise des émissions carbonées et de méthane.
Se préparer à développer notre résilience et notre adaptation à un changement climatique plus important que nous le prévoyions précédemment alors que les dernières études scientifiques évaluent maintenant l’augmentation inéluctable des températures autour de 2.5 à 2.7 degrés.
Bonne semaine
Philippe
Https://o2nature.substack.com