Et si les grands courants océaniques venaient à s'arrêter?
The Nature Letter on Sunday #009 et un point sur les courants océaniques
Une nouvelle étude a été publiée le mois dernier sur les évolutions des courants océaniques que l’on connait sous la dénomination de AMOC (Atlantic Meridional Overturning Circulation).
Cette étude renforce d’autres études précédentes et met en évidence l’affaiblissement de ces courants. Elle alerte même sur la probabilité grandissante que ces courants s’arrêtent brutalement d’ici 2050.
Ce scénario est à la base d’un film catastrophe “The day After Tomorrow” sorti en 2004 mettant en scène Jake Gyllenhaal où New York se retrouve touchée par un énorme tsunami et des tempêtes monstres.
Nous savons en effet que ces courants ont une influence considérable sur le climat et nous avons tous appris en cours de géographie que notre climat est tempéré car il est protégé par le Gulf Stream un courant chaud qui remonte l’Atlantique du golfe de Mexique jusqu’au nord de l’Europe.
Qu’est donc plus précisément l’AMOC?
L’AMOC est un système assez complexe de grands courants marins au sein de l’Océan Atlantique qui amène en surface des eaux chaudes vers le Nord et sous la surface des eaux froides vers le Sud.
Voyons d’abord ce que sont les courants océaniques :
Les courants de marées près des côtes influencés par les cycles du soleil et de la lune.
Les courants de surface générés par les vents.
Les courants thermohalins dépendants des changements de salinité et de température des océans.
L’AMOC regroupe donc un ensemble de circulations thermoalines selon le processus cyclique suivant :
Les eaux chaudes du Sud migrent en surface vers le nord pour se refroidir puis former de la glace arctique. Le Gulf Stream est ainsi un de ces courants du système AMOC.
Lors de la formation de la glace, la salinité des eaux augmente autour des glaces en formation ce qui augmente la densité de l’eau et la faire progressivement descendre plus profond en migrant vers le Sud. Elle se réchauffe alors progressivement durant cette migration et remonte progressivement en surface.
Rôle de l’AMOC et conséquences éventuelles de son arrêt
L’ensemble de ces courants permettent aux zones arctiques d’être moins froides et aux zones du sud d’être moins chaudes et permettent aussi de distribuer des nutriments entre différentes régions océaniques.
Nous pouvons voir la différence de température aux mêmes latitudes entre l’Europe, qui bénéficie de l’influence du Gulf stream chaud, et de l’Amérique du Nord, qui est baigné par un retour un peu plus froid de l’AMOC.
Ces courants sont extrêmement puissants mais ils sont très lents (on estime que l’eau met 1000 ans pour faire le tour complet du cycle).
Les mesures scientifiques établissent que L’AMOC s’affaiblit régulièrement et que sa vitesse diminue à tel point que son extinction serait donc possible dans les prochaines décennies.
Les scientifiques ne peuvent confirmer encore vraiment les phénomènes à l’oeuvre :
Une hypothèse avancée est qu’avec le réchauffement climatique qui diminue la glaciation des eaux arctiques, la salinité des eaux au niveau du pôle s’affaiblirait affaiblissant ainsi le courant plongeant vers le fond.
Si cette hypothèse se confirmait, alors cela donnerait un relief supplémentaire aux effets de l’accélération en cours de la fonte des glaces et donnerait à cette fonte un caractère encore plus important de “tipping point” du climat ( voir mon article sur le sujet des “tipping points”)
L’arrêt de l’AMOC pourrait avoir pour conséquence en moins d’une décennie après son extinction des changements climatiques considérables :
Un refroidissement important en Europe avec des glaces arctiques beaucoup plus importantes descendant jusqu’au nord de l’Angleterre.
Un inversement des saisons sèches et humides en Amazonie et également une perturbation importante du mécanisme des moussons tropicales.
Probablement d’autres conséquences dramatiques difficile à anticiper et prévoir.
Les scientifiques vont donc continuer à mesurer ces courants qui sont maintenant surveillés de près. Ce phénomène n’est évidemment pas sous notre contrôle et nous rappelle une fois de plus que nous devrons continuer à nous préparer à être “résilients“ pour nous adapter face aux changements climatiques comme je l’ai abordé dans un article précédent.
Bonne semaine
Philippe